samedi 3 mai 2014

La page blanche

Me voilà avec une page blanche.

Dans un processus créatif, je crois que seule celle-ci permet d'innover. Ce doit être le point de départ. Elle seule donne libre accès à toutes les folies, à toutes les idées. Elle seule fait sauter les limites.


Aujourd'hui, qui part vraiment d'une page blanche ? Pas grand monde visiblement dans le monde politique. Nos dirigeants, leurs équipes, la fonction publique, partent de feuilles déjà grisées voire noircies pour imaginer le monde de demain tant leur vision et leurs idées sont dans la continuité du monde présent et d'hier. Il ne semble plus y avoir d'idéal, de rêve, d'utopie. Ce n'est pas le cas dans le monde économique, qui innove à tout point de vue. Alors, vous me direz que ce n'est pas grave car notre monde innove toujours. Et bien si, car c'est le monde politique qui dessine la société dans laquelle nous vivons, le monde économique étant encadré (ou devrait l'être...) par le monde politique. Sans cela, ce sont les dirigeants économiques qui à terme, façonneront notre monde à leur image. Et non à la nôtre...

Mais revenons à la feuille blanche. Pour créer, il faut s'extraire de ce qui existe au maximum. Certes, nous sommes influencé par notre culture, notre éducation, notre environnement, nos à-priori. S'en détacher permet de trouver au fond de soi les idées les plus pures. Ainsi, si vous partez d'une feuille qui est un peu noircie, votre création sera "sous influence". Vous ne pourrez que créer à la marge. Alors que si votre feuille est blanche, vous aurez le loisir d'imaginer des idées les plus détachées de ce qui existe, vous innoverez vraiment. En musique, par exemple, si l'on vous impose un rythme, que vous ne pouvez changer, si l'on vous impose une mélodie, vous serez réduit au rôle d'arrangeur. Vous ne serez pas un compositeur, votre action étant à la marge. Vous ne serez pas pleinement créateur, vous ne ferez pas remonter les idées qui se cachent au plus profond de vous.

Ce que font nos hommes politiques, et malheureusement un grand nombre d'entre nous, c'est partir d'une feuille noircie, même très noircie. Ils ne trouvent que des rustines pour créer le monde de demain : ils arrangent juste le monde dans lequel nous vivons, ils ne le font en rien changer, ils ne créent pas un nouveau monde. Alors que s'ils partaient d'une feuille vraiment blanche, ils inventeraient une nouvelle organisation, une société idéale, utopique. Leur rôle serait alors d'assurer la transition de notre monde vers ce nouveau paradigme. Nous sortirions alors de l'impasse dans laquelle notre civilisation semble s'orienter avec des défis aussi bien politiques, économiques qu'écologiques à relever. Ils redonneraient ainsi du sens à la vie en apportant une réelle vision du futur, un cap à suivre qui serait non pas de combattre les effets d'un système en perdition mais de créer un monde meilleur.
Alors, prenons une feuille blanche et construisons ce mécano qui nous permettra de transformer notre monde.

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